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Le projet Rhône 3 maintenant !

De quoi s'agit-il ?

Nous demandons que le Conseil d'Etat s'engage pour une mise en œuvre rapide et durable de la troisième correction du Rhône tel qu'il l'a adoptée en 2016 (PA-Rhône 3, 2016).

Le Rhône actuel présente des déficits sécuritaires importants entre le glacier du Rhône et le lac Léman : l'écoulement des crues centennales sans débordements n'est plus garanti et une grande majorité de ses digues est menacée par un danger de rupture. Ce sont quelque 12'400 ha dans la plaine du Rhône – dont 30 % environ de zones bâties où se concentrent les dégâts potentiels importants – qui sont menacés par la crue centennale. Les crues qui se sont déversées à Sierre fin juin 2024 ont mis en évidence l'ampleur des dégâts dus à l'immobilisme actuel. Les dommages sont évalués à plus d'un milliard de francs. De plus, les changements climatiques exacerbent ces déficits, rendant la situation encore plus urgente.

Contexte

En 2016, le plan d'aménagement de la 3e correction du Rhône (PA-R3) a été approuvé par les Conseils d'Etat valaisan et vaudois et la population valaisanne a accepté le décret cantonal pour son financement dont la part fédérale a été assurée en 2019 par les chambres fédérales. Il s'agit du plus grand projet de protection contre les crues en Suisse, visant le réaménagement du fleuve pour lui permettre d'assurer de manière durable ses fonctions liées à la sécurité, à l'environnement et au développement socio-économique. Un projet pionnier qui en inspire d'autres.

En 2022, Franz Ruppen, chef du Département de la mobilité, du territoire et de l'environnement, annonce qu'il va lancer une analyse pour déterminer si le projet est toujours en accord avec les défis actuels ou s'il doit être adapté. En mai 2024, le gouvernement valaisan, s'appuyant sur les conclusions d'une analyse d'un bureau d'ingénieurs en immobilier vaudois mandaté à cet effet, communique sa décision de réviser fondamentalement le projet de troisième correction du Rhône. Les arguments avancés par le Conseil d'Etat pour défendre une révision du projet sont contestés par de nombreux spécialistes et experts du domaine : ni l'état de la science, ni la nécessité d'une gestion intégrée des dangers naturels, ni même les questions des eaux souterraines et des objectifs socio-économiques ne justifient une révisions du projet PA-R3.

Selon le gouvernement valaisan, une révision de la troisième correction du Rhône permettrait un avancement plus rapide du projet tout en préservant davantage les terres agricoles. En réalité, c'est tout le contraire qui se produira, car le développement du PA-R3 a nécessité plus de 15 ans jusqu'à son approbation et il ne sera pas possible d'approuver un autre dossier, ni de réaliser des travaux de sécurisation, si le projet n'est pas conforme aux bases légales et aux standards actuels en matière de protection contre les crues.

Vouloir réétudier à nouveau des alternatives déjà analysées, expertisées et abandonnées (cf. 2009-2012) nous fait perdre un temps précieux, alors même que la Confédération a déjà dit que le PA-R3 2016 était le minimum nécessaire pour respecter la loi. Au contraire, poursuivons les projets prioritaires sur la base du dossier approuvé et mettons-les à l'enquête publique ! Chacun pourra alors s'exprimer en connaissance de cause et le dossier sera amélioré et réalisé ! A travers la demande de réaliser rapidement Rhône 3 (PA-R3 2016), ce que nous demandons c'est la mise à l'enquête publique cette année des travaux de sécurisation de Sierre, Sion, Martigny et Monthey-Aigle comme cela a été fait et réalisé à Viège. Les dossiers sont prêts et basés sur le PA-R3 2016 !

Petit rappel historique

L'histoire du Valais est intrinsèquement liée au Rhône. Les deux premières canalisations du fleuve ont permis à la population, aux entreprises et à l'agriculture d'occuper la plaine et de se rapprocher du Rhône. Mais en octobre 2000 une crue centennale rompt la digue à Chamoson et 5'000 personnes sont évacuées. Le constat est sans appel, la capacité du lit du Rhône et l'état de ses digues sont insuffisants pour évacuer de telles crues. Après de nombreuses études, les conclusions sont limpides : le Rhône doit être élargi ! En 2009, la mesure de sécurisation du site industriel de Viège est réalisée et la crue de l'été 2024 s'écoule sans causer de dégât.

Ce n'est pas le cas du secteur Sierre/Chippis, pourtant classé comme prioritaire depuis 1999. En 2008 une mesure prioritaire pour la sécurisation de ce tronçon était déposée à l'enquête publique. Elle ne sera malheureusement jamais mise en œuvre, le Conseil d'Etat n'ayant pas réussi à arbitrer les politiques sectorielles contradictoires. En juin dernier, les eaux du Rhône s'y sont infiltrées de toutes parts, ravageant un quartier résidentiel et un site de production d'aluminium. Des habitants ont tout perdu, contraints de quitter leur logement pour ne jamais y revenir. Les dégâts, s'élèvent quant à eux, à plusieurs centaines de millions de francs. Une catastrophe qui aurait largement pu être évitée si la priorité à R3 et à la protection contre les crues avait prévalu face aux autres intérêts sectoriels. En octobre 2024, lors d'une session spéciale consacrée à la troisième correction du Rhône, le Grand Conseil se saisit du dossier et les députés votent en faveur de l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire.

L'Association valaisanne pour la défense du sol agricole (ADSA) s'oppose, dès les débuts du projet, à l'option d'élargir le Rhône et revendique l'étude approfondie d'une solution d'abaissement du lit et de renforcement des digues, afin de diminuer l'emprise sur les terres agricoles. Entre 2008 et 2009, les études techniques de l'ADSA sont expertisées (Rapport Minor 2009, Expertise Speerli, Zimmerli et Höhn 2012 p. 72), puis rejetées avec le motif que ces solutions n'apportent pas la sécurité recherchée et sont contraires aux bases légales. Ce sont ces mêmes revendications qui sont reprises dans la décision du Conseil d'Etat de réviser le projet de troisième correction du Rhône. En réalité le débat a déjà eu lieu entre 2008 et 2012.

Et maintenant ?

Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre davantage. Ce projet est une chance pour le Valais ! Il permet de réconcilier les Valaisans avec leur Rhône en assurant une sécurité durable à la plaine tout en créant des zones de détente et de nature appréciées par la population.

Nous attendons du Conseil d'Etat qu’il mette tout en œuvre pour une réalisation complète et rapide de l'ouvrage, en mettant à l'enquête publique les mesures de Sierre, Sion et Martigny conformes au PA-R3 2016 (en plus de celle du Chablais), tout en renonçant à la révision du PA-R3.